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On choisit la solitude pour rompre avec d’anciennes formes, on vient ici pour s’avancer seul à travers l’informe ; des jours entiers on cesse d’attendre, de vouloir, d’inventer, de s’impatienter. Peu à peu, quelque chose arrive, on n’écrit toujours rien, la page reste blanche, mais à présent, on ne se concentre plus avec effort, comme auparavant, pour avancer: désormais, on se livre à cette avancée qui se fraie un passage en nous, on s’ouvre dorénavant à cette traversée qui nous emporte, nous oriente, nous conduit, on ne sait vers quoi ni où, nulle part peut-être, - le risque est toujours là, il n’y a aucun signe rassurant, nulle certitude -, quelque chose arrive cependant.
Peu à peu la vie se met à ruisseler au creux des sillons vides. Quelque chose arrive. Sans rien voir encore, le regard s’éclaire. Sans prendre forme, une force palpite. A cet instant, à cette seconde, on accepte, on est face à face avec le rien, on accepte d’être un homme inutile, vivant au bord du vide, dans la solitude et le silence, face à face avec ce rien sans lequel, pourtant, rien de vrai ne peut réellement émerger, rien de vivant ne peut véritablement être.
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